Un paso al vacio, est un atelier d'introduction à la mise en vibration
d'espace au moyen d'une circumambulation autour d'un tambour horizontal
utilisé comme amplificateur acoustique. C'est une technique personnelle
que je developpe depuis plus d'une douzaine d'années. Elle sollicite le
corps et l'esprit dans une action circulaire méditative.
Elle permet de générer des ondes de fréquence qui interfère avec
l'espace environnant et la matière. Elle peut devenir une porte ouverte
vers un monde invisible.
20-30/08/2020
Stalt Wehlen, 14/09/2020 Praha, 30/04/2022 Clermont-Ferrand, 26/10/2022 Kulturni Centar Lab/Novi Sad.
<<
..les brahmanes pensent que chaque son du monde physique réveille un
son correspondant dans les royaumes invisibles et incite une force à
l'action. D'après eux, le son d'un mot est agent magique efficace et la
principale clé pour établir la communication avec les entités
immortels... >>
Alexandro Jodorowsky, Manuel de psychomagie.
Ayant
été musicien depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours été attiré par
l'expérimentation du langage musical et par l'expansion de ses
techniques. Je me suis très rapidement concentré sur la batterie et les
instruments de percussion comprenant que c'était des outils privilègiés
pour explorer l'étroite relation entre la vibration et le geste. La
batterie étant un instrument ou chaque membre peut être acteur dans le
processus sonore, et cela d'une façon directe et non par une
combinaison gestuelle. De par sa mise en coordination des mouvements et
la nécessité d'avoir un bon ancrage corporel, cet instrument est
finalement trés proche de la pratique des arts martiaux. J'ai enseigné
quelques années durant la batterie dans une école de musique à
Grenoble, et je commençais toujours mes leçons par un ou deux kata de
qi kong ou kung fu.. J'ai pu apprécier la différence de préparation de
mes élèves avec et sans ce moment d'introduction à l'harmonie entre le
geste et la respiration, permettant de stimuler la connexion avec le
vide.
De nombreux percussionnistes en quête de son utilisent la technique du
frottement. Que ce soit par le biais d'un archet ou directement sur la
membrane ou un autre corps sonore. Comme eux j'ai longtemps essayé dans
cette direction, jusqu'au moment ou j'ai simplement réalisé qu'il était
impossible d'explorer la profondeur d'une vibration dans ces conditions
de mouvement, celui d'un geste aller et d'un autre pour le retour
obligé, interrompant la continuité du premier puis du second*.
Tel l'impact du ressac d'une vague.
C'est donc à ce moment que j'ai commencé mes rondes autour d'un tambour
et que j'ai été entraîné dans une spirale vibratoire. Ce sera quelques
années après avoir commencé à présenter ce projet sur le continent que
j'ai, au cours d'une action dans le sud de la France, fait la rencontre
avec un écrivain qui est venu m'interroger :
<< ...Savez-vous ce que vous faites ? >>
Oui, je pense lui répondais-je, je mets en résonnance l'espace et ce
qu'il contient en utilisant un amplificateur acoustique et les
réflexions des surfaces environnantes...
<< oui me dit-il, vous faites cela, mais aussi une autre chose
qu'en latin on désigne par le terme de circumanbulation, je suis
ethnologue et je travaille depuis plusieurs années sur ce sujet...
>>
Je suis resté en relation avec cet homme et les documents qu'il m'a
fait ensuite parvenir mon aidé à mieux comprendre les phénomènes
délicats à expliquer auxquels j'étais confronté.
Depuis une douzaine d'années j'ai donc développé cette technique
singulière du jeu du tambour, et j'ai eu l'occasion de faire des
actions dans des lieux parfois très anciens, chargé du passé.*² Cela
n'a parfois pas été sans consèquence, tant sur l'audience visible et
présente, que sur d'autres dimensions paralléles... Aussi je peux
affirmer aujourd'hui que cette pratique vibratoire a la capacité
d'ouvrir ce que l'on pourrait qualifier de vortex. Une connexion entre
la terre et le ciel et je ne suis qu'un des agitateurs d'un de ces
processus ancestraux.
L'été dernier j'ai été invité comme "expert pédagogique " pour animer
avec d'autres une résidence d'artiste à Stalt Wehlen, près de la
frontière Tchèque. J'ai d'abord proposé un atelier qui m'éttait
familier, basé sur l'observation de biais cognitif et la possibilité de
les interpréter..*3., mais rapidement j'ai intérropu ce travail car de
nombreuses personnes me demandaient une initiation à ma technique de
jeu du tambour.
J'avais jusqu'à présent été rétissant à l'idée que des personnes que je
ne connaissais pas ou peu puissent toucher mes objets, considérant que
tout est fluide et énergie magnétique. J'ai donc dépasser ces craintes,
même si cela peut me demander un travail après coup. Je me suis souvent
interrogé sur l'impact que peut créer la mystification et la
sacralisation des objets et des rites. Considérant que tout reste à la
portée de tous, s'agissant uniquement d'une question de volonté et de
foi.
Nous étions donc, une quinzaine de participant mais aprés deux jours je
décidais de continuer ce travail avec seulement deux personnes pour la
dizaine de jours restant. Il me paraissait évident qu'elles avaient de
réelles prédispositions en comparaison à leurs camardes. Leurs
déplacements et leurs ancrages corporels me paraissaient être une base
prometteuse. Il s'est avéré que ces deux jeunes russes n'étaient pas
des "artistes" mais invités eux aussi pour animer un atelier, une
espèce de yoga, gym, psychomagique qu'ils proposaient de pratiquer dans
la fôret... Je me souviens que mes nuits étaient courtes car je passais
beaucoup de temps pour trouver les mots justes, parler de quelque chose
qui était uniquement basé sur ma sensibilité et qui aprés des années
durant, m'était devenu instinctif. L'intellect n'a pas de place dans
une pratique qui passe par une immersion dans le vide. Rapidement nous
avons été confrontés à un dilemme, leurs gestes et leurs postures me
semblaient justes et pourtant ils leur étaient impossible de produire
certaines fréquences que je leurs jouais avec les mêmes objets.
Aprés des efforts de réflexion et de tentative, je compris qu'il ne
s'agissait pas uniquement d'aller puiser l'énergie dans certaines
parties du corps. Il était aussi question d'émettre une intention,
d'entreprendre une projection mentale. Cette vibration devait être
présente avant de sonner, il fallait l'appeler, la désirer, lui ouvrir
son corps et son esprit pour qu'elle puisse exister et être incarnée.
Aya et Yam on présenter une action en fin de stage qui a impressionné
tout le monde.
Nous nous sommes revue un mois plus tard à Praha et avons continué ce
chemin.
antez, mars 2022
* il est possible avec le frottement d'un archet sur des cordes
d'entretenir une même fréquence durant la continuité de son mouvement
aller et retour. Mais sur des cymbales ou d'autres objets sonores de
densités plus importante cela me semble impossible ou uniquement dans
des harmonies de fréquences élevées.. Dans le corps de la vibration, il
y aura toujours deux fréquences en discontinuités, celle de l'aller et
celle du retour. D'autre objet comme une fine baguette frotter dans sa
longeur entre deux doigts d'une main, puis de l'autre, peut permettre
d'obtenir une continuité de la vibration, mais celle-ci restera aussi
en surface et ne puisera pas dans les profondeurs de la matière en
vibration. Seule un déplacement circulaire du corps peut permettre
d'entretenir une position de contact vibratoire initiale avec la
matière et choisir ses registres.
*² *² *3
Informations complémentaires :
Nom ou circumanbulation utilisé au cours de rituels, liste non
exhaustive
:
Pradaksinâ pour l’hindouisme et le bouddhisme, Haqqāfāh pour le
judaïsme, Tawâf pour l'islam, rituel Kantou (chaîne annamitique) Asie
du Sud-Est, tour à l'intérieur du Ming-T’ang en Chine, circumanbulation
pour les chrétiens et les franc-maçons, Le rituel irlandais de consécration des églises au Moyen Âge, rite Ambarvalia chez les
romains, La légende du lion de Sardes chez les grecs, pratiqué par les
druides, les chamans..